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mercredi 14 janvier 2015

Terre des hommes, 1939, Antoine de Saint-Exupéry commentaire Partie IV, chapitre 1, L'avion et la planète



Commentaire composé Terre des hommes, 1939,
Antoine de Saint-Exupéry
Partie IV, chapitre 1
Voir le texte intégral ICI

Terre des hommes est un recueil d’essais autobiographiques de Antoine de Saint-Exupéry paru en 1939. Dans son œuvre, l’auteur évoque des événements qui ont marqué sa vie, relatifs à son expérience de pilote professionnel pour la société Latécoère, qui deviendra plus tard l’Aéropostale, compagnie aérienne française basée à Toulouse. Cette œuvre est divisée en huit parties. Dans le premier chapitre de la quatrième partie, L’avion et la planète, Antoine de Saint-Exupéry aborde le changement de la perception du monde grâce à l’avion. Comment l’image trompeuse de la planète est-elle transformée par l’avion ? Nous verrons en premier lieu la fausse image du monde donnée par les routes puis nous nous intéresserons à la vision réelle et objective que permet l’avion.



Dans ce chapitre, Antoine de Saint-Exupéry évoque la perception du monde en mentionnant des routes qui ont « embelli l’image de notre […] planète ». L’auteur leur donne même un caractère humain en les personnifiant : les routes « évitent les terres […], épousent les besoins […], conduisent les campagnards […], joignent ce village ». Ce n’est plus l’homme qui décide d’établir une route mais ce sont les routes qui « épousent les besoins de l’homme ». Ces besoins primaires sont d’ailleurs évoqués à travers plusieurs termes positifs : « terres à blé », « bétail », « fontaine », « oasis ». De plus, les routes « conduisent les campagnards », c’est comme si elles les guidaient, tandis que les hommes ne feraient que les suivre. Ces routes ont permis à l’homme de découvrir « tant de terres […], tant de vergers, tant de prairies ». La répétition de « tant de » souligne les multitudes de belles terres vers lesquelles conduisent ces routes. C’est une vision idyllique d’abondance de la terre. 

            Cependant, L’homme se déplaçant uniquement grâce aux routes, sa perception du monde dépend uniquement de celles-ci. Malgré le fait qu’elles embellissent le monde, « les routes […] nous ont trompés ». Ces dernières limitent la perception du monde quand elles « évitent les terres stériles, les rocs, les sables » et « épousent les besoins de l’homme ». En effet, en s’adaptant à l’homme, les routes limitent le monde à l’homme et ne montrent pas « le vrai visage de la terre ». La Terre est comparée à une « prison » ce qui symbolise l’emprisonnement des hommes par les routes. L’auteur évoque une souveraine naïve croyant connaître son royaume mais qui ne connaît en réalité rien de celui-ci, si ce ne sont les « les quelques heureux décors » dressés par ses courtisans, représentant les routes, afin de l’abuser. Par ce court apologue, l’auteur montre que les routes donnent une image trompeuse de la planète. Cependant, on peut remarquer que Saint-Exupéry envisage surtout des routes de campagne et n’évoque pas les grands axes pourtant fort anciens et encore moins les voies ferrées qui existent depuis le XIXe siècle ! C’est sans doute pour établir un contraste plus saisissant avec les nouvelles perspectives qu’offre l’avion ou parce qu’il a passé des années dans des endroits reculés avec peu de routes, comme en Afrique du nord et en Amérique du sud.


La perception du monde a  donc complètement changé avec l’invention de l’avion. La conjonction de coordination « mais » souligne cette rupture marquée par des différences de termes utilisés entre les deux parties de l’extrait. En effet, alors que le monde était comparé à une « prison » dans la première partie de l’extrait, les hommes sont « affranchis » et « délivrés » dans la deuxième partie. La première partie traite de routes dites « sinueuses » tandis que la deuxième évoque des « lignes droites » ou encore des « trajectoires rectilignes ». Dans la première partie, on trouve le lexique de la terre : « blé », « sable », « terre », au contraire dans la deuxième partie c’est le champ lexical du ciel qui est présent : « décollé », « haut », « échelle cosmique ». Dans la première partie, les routes dirigent et les hommes ne font qu’obéir : « elles conduisent les campagnards », cependant, dans la deuxième partie, l’homme est comparé à un physicien étudiant les hommes : il reprend le contrôle.

            En l’élevant dans le ciel, cette machine offre à l’homme une vision globale et objective du monde dans lequel il vit. L’avion a permis de « découvrir le vrai visage de la Terre »même si c’est « un progrès cruel » qui livre au regard l’infertilité de certaines terres. De plus, il procure une certaine liberté. En effet, grâce à cette machine les hommes sont « affranchis » et  « délivrés » de l’emprise des routes. L’avion ne vole pas en suivant les routes sinueuses mais au contraire, il vole en « ligne droite ». De plus, l’avion a aussi une fonction « d’instrument d’analyse ». L’auteur compare l’aviateur à un « physicien » ou à un « biologiste » examinant la vie se développer depuis les nuages, à travers ses hublots comparés à des instruments d’étude. Saint-Exupéry fait l’éloge de l’avion en utilisant un registre épidictique. L’avion permet à l’homme de prendre de la hauteur pour finalement mieux comprendre l’histoire des hommes et des civilisations.


Avant l’invention de l’avion, la perception du monde dépendait uniquement des routes. Cependant, les routes ont trompé les hommes. En effet, en s’adaptant aux besoins des hommes et en évitant les terres stériles, ces dernières ont donné une fausse image de la Terre. L’homme était prisonnier des routes. Grâce à l’avion, la perception du monde a changé, il permet à l’homme de s’élever dans les cieux et d’avoir une vision globale et objective du monde. L’avion est aussi un instrument permettant d’étudier la vie sur Terre depuis les nuages à l’image d’un biologiste qui étudie la vie grâce à son microscope. L’avion a donc permis de balayer l’image trompeuse de la terre et de rapprocher les hommes de la planète. L’avion délivre du confinement du village. On peut compléter la définition de l’avion avec celle donnée dans la troisième partie du même ouvrage : « L’avion n’est pas un but : c’est un outil. »

Sofian  1S1 (novembre 2014)

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