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mercredi 24 avril 2019

Quand Lyon honore Anne de Bretagne et Louis XII avec la première médaille française


La médaille d'Anne de Bretagne et de Louis XII



La médaille est une invention de la Renaissance italienne du milieu du Quattrocento (début de la Renaissance Italienne). Mais, c’est à Lyon que fut coulée la première médaille française, au tout début du XVIe siècle. De retour d’Italie en mars 1500, Louis XII et sa femme, Anne de Bretagne, sont de passage à Lyon. La ville, désireuse de les honorer par un présent prestigieux et surtout « à la mode », commande alors à des artistes lyonnais une belle médaille de bronze à leur effigie. Cette première médaille lyonnaise est tellement réussie, tellement spectaculaire, que bon nombre de personnages célèbres voudront ensuite leur médaille qui rappellera leurs hauts faits ou leurs actions marquantes.

Description analytique

L'original de cette médaille fut modelé et coulé à Lyon en l'honneur du voyage de Louis XII et d'Anne de Bretagne dans cette ville. Les consuls de Lyon avaient chargé Nicolas Leclerc et Jean de Saint-Priest, " maîtres tailleurs d'images ", d'en faire les modèles d'après les dessins de Jean Perréal, et les joailliers Jean et Colin Lepère, aidés par un fondeur, de l'exécuter. La médaille fut coulée en or et offerte à la reine, dans une coupe à ses armes en verre émaillé de Venise, le 15 mars 1500 (1499 ancien style, selon le calendrier julien).

L'original en or a aujourd'hui disparu mais cette médaille, la seconde coulée en France à l'imitation des médailles de la Renaissance italienne, fut largement diffusée par de nombreux retirages successifs, contemporains ou ultérieurs, en argent ou en bronze (on considère que les fontes successives se repèrent aux diamètres décroissant des exemplaires). Certaines épreuves furent mêmes utilisées dans le décor de meubles. 

L'intention première du graveur de cette médaille était de montrer Anne tournée vers l'avenir symbolisé par les lys français et tournant le dos à son passé breton symbolisé par les hermines. Cependant, il est possible de détourner ce message. Pour les indépendantistes bretons, Anne se dresse comme un rempart en faisant front à la France pour défendre la Bretagne.



Texte descriptif

A l’avers de la médaille, Louis XII :

 D/ + FELICE LVDOVICO REGNATE DVODECIMO CESARE ALTERO GAVDET OMNIS NACIO 
(sous l'heureux règne de Louis XII, second César, le peuple tout entier se réjouit).

Buste de Louis XII, coiffé d'un mortier orné d'une couronne de fleurs de lis. Le roi porte le collier de l'ordre de Saint-Michel. Le champ est semé de douze lys. A l'exergue, un lion passant à gauche, symbolise la ville de Lyon.








Au revers de la médaille, Anne de Bretagne :

R/ + LVDVN RE PVBLICA GAVDETE BIS ANNA REGNANTE BENIGNE SIC FVI CONFL ATA 1499
 (je fus ainsi fondue en 1499 pendant que la commune de Lyon se réjouissait du second règne de la bonne reine Anne).

Buste d'Anne de Bretagne coiffée d'un voile court à la bordure ornée, surmonté de la couronne royale. Le champ est semé de cinq lys à gauche et de huit hermines à droite. A l'exergue, un lion passant à gauche.



Sources :

- Grand Patrimoine de Loire-Atlantique

- Site de Nicolas Salagnac, graveur médailleur, meilleur ouvrier de France

 

vendredi 12 avril 2019

La princesse de Clèves : la scène du tournoi et l'origine de certaines expressions empruntées au vocabulaire des joutes.



"Gagner la première manche, la deuxième manche et enfin jouer la belle" : que signifient donc ces expressions qu'on emploie dans les jeux et même à la pétanque ? Aux tournois du Moyen Âge, ou plutôt aux joutes qui succèdent aux tournois violents et auxquelles participent les chevaliers de l'époque, les femmes y occupent une place importante puisque les chevaliers arborent les couleurs d’une dame sous la forme d’une manche délacée de sa robe.
 
Celui qui combat bravement emporte la 2e manche.
 
A la victoire d'après, il gagne la gente dame (la belle) qui le récompense d’un baiser.

Gagner le cœur de la dame après les exploits du combat, c'est bien, mais "c'est une autre paire de manches" quand le volage chevalier porte son amour sur une autre conquête ! 

Dans La Princesse de Clèves, roman d'analyse de Madame de La Fayette, publié sans nom d'auteur en 1678, on assiste à la fin de la troisième partie à la joute célèbre lors de laquelle le roi Henri II fut mortellement touché. Mais ce qui intéresse tout le monde, ce sont les couleurs mystérieuses qu'arbore le duc de Nemours. Seule la belle princesse de Clèves comprend le code secret des couleurs portées en son hommage... Lisons l'extrait en question : 

"Enfin, le jour du tournoi arriva. Les reines se rendirent dans les galeries et sur les échafauds qui leur avaient été destinés. Les quatre tenants parurent au bout de la lice, avec une quantité de chevaux et de livrées qui faisaient le plus magnifique spectacle qui eût jamais paru en France.
Le roi n’avait point d’autres couleurs que le blanc et le noir, qu’il portait toujours à cause de madame de Valentinois, qui était veuve. M. de Ferrare, et toute sa suite, avaient du jaune et du rouge. M. de Guise parut avec de l’incarnat et du blanc : on ne savait d’abord par quelle raison il avait ces couleurs, mais on se souvint que c’étaient celles d’une belle personne qu’il avait aimée pendant qu’elle était fille, et qu’il aimait encore, quoiqu’il n’osât plus le lui faire paraître. M. de Nemours avait du jaune et du noir ; on en chercha inutilement la raison. Madame de Clèves n’eut pas de peine à la deviner : elle se souvint d’avoir dit devant lui qu’elle aimait le jaune, et qu’elle était fâchée d’être blonde, parce qu’elle n’en pouvait mettre. Ce prince crut pouvoir paraître avec cette couleur, sans indiscrétion, puisque, madame de Clèves n’en mettant point, on ne pouvait soupçonner que ce fût la sienne."

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