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jeudi 21 juillet 2016

Le mythe de Pygmalion et Galatée d'après les artistes Falconet et Girodet

 D’après Les Métamorphoses d’Ovide, Antiquité.

Pygmalion, le sculpteur, contemple, agenouillé et admiratif, 
son chef-d’œuvre achevé, Galatée.
 Amour baise avec respect la main droite de la statue devenue vivante.


Falconet, Etienne Maurice, sculpteur néoclassique français, (1716-1791),  
Pygmalion et Galatée, sculpture en marbre, 1763,
0,83 × 0,48 cm, Louvre, Paris.


Même scène avec Pygmalion plus audacieux s'apprêtant à toucher sa "créature" pour s'assurer qu'elle est bien vivante. Amour réunit les deux personnages en s'accrochant à leurs mains droites.

Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson, Montargis (Loiret), 1767 - Paris, 1824
Pygmalion et Galatée, Salon de 1819 
Huile sur toile, H. : 2,53 m. ; L. : 2,02 m.
Musée du Louvre  


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Anthologie de poèmes d'amour 

 

mercredi 20 juillet 2016

Le Printemps (1873) de Pierre-Auguste Cot


Cot, Pierre-Auguste, peintre académique français (1837-1883),  Le  Printemps(1873)
Huile sur toile, 203 × 127 cm, Metropolitan Museum of Art, New York,
d’après Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre, XVIIIe siècle.

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Dire l'amour en poésie 

 

mercredi 6 juillet 2016

Camille Claudel, lettre à Paul Claudel, son frère


La Valse (1905), sculpture en bronze de Camille Claudel


Camille internée pendant 30 ans, jusqu'à sa mort,
 par sa famille

 Dans la famille Claudel, Camille (1864-1943) est l'aînée. Elle montre des dispositions pour la sculpture dès son enfance. Son père l'encourage et sera son seul soutien. Elle vit ensuite une passion dévorante avec son maître en sculpture, Rodin (1840-1917), pendant quinze ans jusqu'en 1898. Sa sculpture "La Valse" est l'allégorie de son amour intense pour Rodin. Seule, critiquée pour son mode de vie et ses œuvres, elle sombre après leur rupture dans ce qu'on appellerait aujourd'hui une grave dépression. Sa famille ne la soutient pas et, pire, la fait interner en 1913 dans un asile psychiatrique  où on l'empêchera d'exercer son art, où elle ne recevra en 30 ans de réclusion qu'une quinzaine de visites de son illustre frère, le poète, dramaturge et diplomate Paul Claudel (1868-1955).
Voici une lettre déchirante de Camille à son frère Paul, écrite en 1927, alors qu'elle est internée depuis 14 ans.


3 mars 1927, asile de Montdevergues (près Montfavet Vaucluse).

Mon cher Paul,

J’ai eu de tes nouvelles dernièrement indirectement, j’ai appris que tu avais envoyé une certaine somme d’argent à Monsieur le Directeur pour améliorer mon sort dans la mesure du possible. Tu as bien fait d’avoir confiance en mr. le Directeur car c’est un homme qui a une grande réputation d’honnêteté et en même temps il a une grande bienveillance à mon égard. Tu peux être sûr que dans tous les cas il fera tout ce qu’il pourra pour moi et toi-même je suis sûre que ton intention est de me soulager, tu fais de bien gros sacrifices pour moi ce qui est d’autant plus méritoire de ta part que tu as des charges extraordinaires de tous les côtés. Cinq enfants et que de frais, que de voyages, que d’hôtels à payer.

Je me suis demandé souvent comment tu peux en venir à bout. Il faut que tu aies la tête solide pour gouverner les choses avec tant d’intelligence et d’en venir à bout, de triompher de toutes les difficultés ! Ce n’est pas moi qui serais capable d’une chose pareille !
Ton intention est bonne et aussi celle de mons. le Directeur mais dans une maison de fous les choses sont bien difficiles à obtenir, les changements sont bien difficiles à faire ; même si on le veut, il est bien difficile de créer un état de choses supportables. Il y a des règlements établis, il y a une manière de vivre adoptée, pour aller contre les usages, c’est extrêmement difficile ! Il s’agit de tenir en respect toutes sortes de créatures énervées, violentes, criardes, menaçantes, il faut pour cela un ordre très sévère, même dur à l’occasion autrement on n’en viendrait pas à bout. Tout cela crie, chante, gueule à tue-tête du matin au soir et du soir au matin. Ce sont des créatures que leurs parents ne peuvent pas supporter tellement elles sont désagréables et nuisibles. Et comment se fait-il que moi, je sois forcée de les supporter ? Sans compter les ennuis qui résultent d’une telle promiscuité. Ca rit, ça pleurniche, ça raconte des histoires à n’en plus finir avec des détails qui se perdent les uns dans les autres ! que c’est ennuyeux d’être au milieu de tout cela, je donnerai 100 000 si je les avais pour en sortir de suite. Ce n’est pas ma place au milieu de tout cela, il faut me retirer de ce milieu : après 14 ans aujourd’hui d’une vie pareille je réclame la liberté à grands cris. Mon rêve serait de regagner tout de suite Villeneuve et de ne plus en bouger, j’aimerais mieux une grange à Villeneuve qu’une place de 1ère pensionnaire ici. Les premières ne sont pas mieux que les 3èmes c’est exactement la même chose surtout pour moi qui ne vis que de mon régime ; il est donc inutile d’augmenter les frais à ce point. L’argent que tu as envoyé pourrait servir à payer la 3ème classe.
Ce n’est pas sans regret que je te vois dépenser ton argent dans une maison d’aliénés. De l’argent qui pourrait m’être si utile pour faire de belles œuvres et vivre agréablement ! quel malheur ! J’en pleurerais. Arrange-toi avec mr. le Directeur pour me remettre de 3ème classe ou alors retires-moi tout de suite d’ici, ce qui serait beaucoup mieux ; quel bonheur si je pouvais me retrouver à Villeneuve ! Ce joli Villeneuve qui n’a rien de pareil sur la terre !


Il y aujourd’hui 14 ans que j’eus la désagréable surprise de voir entrer dans mon atelier deux sbires armés de toutes pièces, casqués, bottés, menaçants en tous points. Triste surprise pour un artiste : au lieu d’une récompense, voilà ce qui m’est arrivé ! c’est à moi qu’il arrive des choses pareilles car j’ai toujours été en but à la méchanceté. Dieu ! ce que j’ai supporté depuis ce jour-là ! Et pas d’espoir que cela finisse. Chaque fois que j’écris à maman de me reprendre à Villeneuve, elle me répond que sa maison est en train de fondre c’est curieux à tous les points de vue. Cependant j’ai hâte de quitter cet endroit ; Plus ça va, plus c’est dur ! Il arrive tout le temps de nouvelles pensionnaires, on est les unes sur les autres, foussi comme on dit à Villeneuve, c’est à croire que tout le monde devient fou. Je ne sais pas si tu as l’intention de me laisser là mais c’est bien cruel pour moi ! On me dit que tu vas revenir pour le mariage de ta fille le 20 Avril. Il est fort probable que tu n’auras pas le temps de t’occuper de moi ; on s’arrangera pour t’envoyer encore à l’étranger faire des conférences. On saura t’éloigner de Paris et de moi surtout, j’ai bien peu de chance de vous toucher. Le départ d’ici est la seule chose que je souhaite, aucune modification ne peut me rendre heureuse ici ; il n’y a rien de bien de possible. Nous avons eu un hiver terrible : du mistral sans arrêter pendant six mois, l’océan glacial arctique n’est rien à côté de ça !

Dire qu’on est si bien à Paris et qu’il faut y renoncer pour des lubies que vous avez dans la tête.

J’ai entendu dire que Reine avait été très malade et qu’elle avait subi une opération très douloureuse. Espérons qu’elle va mieux à présent. Il parait que Louise aussi a été bien malade, tout cela me fait trembler. Surtout s’il arrive quelque malheur, ne m’abandonne pas ici toute seule et ne fais rien sans me consulter. Etant donné que je connais les mœurs de l’établissement c’est moi qui sait ce qu’il me faut.

Heureusement que j’ai la protection du docteur Charpenel et celle de mons. le Directeur, je te remercie de t’adresser à eux.
Ne prends pas ma lettre en mauvaise part.
Si tu n’as pas l’intention de venir me voir, tu devrais décider maman à faire le voyage, je serais bien heureuse de la voir encore une fois. En prenant le rapide, ce n’est pas si fatigant qu’on le dit, elle pourrait bien faire cela pour moi malgré son grand âge.

Là-dessus je te quitte en t’embrassant ainsi que ta fille Gigette qui je crois est encore avec toi.
Ta femme n’a pas voulu me voir ni les autres. Je n’espère plus les revoir.

Ta sœur Camille.

Metsu, la correspondance amoureuse au XVIIe siècle


Quand écrire et lire une lettre étaient tout un art
 


Metsu, Gabriel, peintre  de genre, néerlandais, (1629-1667),
Homme écrivant une lettre,
huile sur bois (1662-1665),
53 × 40 cm, National Gallery of Ireland, Dublin, (Pendant de Femme lisant une lettre).



Metsu, Gabriel, peintre  de genre, néerlandais, (1629-1667), 
Femme lisant une lettre,
huile sur bois (1662-1665),
53 × 40 cm, National Gallery of Ireland, Dublin, (Pendant de Homme écrivant une lettre).