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mardi 21 octobre 2014

Ecrit et Oral du bac de français (E.A.F) : les modalités

Informations pour le bac de français

Pour l’épreuve orale :

  • Préparation : durée 30 minutes (voir ICI)
  • Epreuve : durée 20 minutes, 10 minutes d’exposé, par le candidat, du commentaire d’un texte de la liste à partir d’une question posée par l’interrogateur, et 10 minutes d’entretien avec l’interrogateur sur le programme de la liste de textes de l’année.
  • Notation : 10 points pour chaque partie de l’épreuve
  • Coefficients : série S coefficient 2 soit 40 points, séries technologiques coefficient 2 soit 40 points. Attention ! Nouveau coefficient 
  • La liste comporte environ 25 textes principaux (20 pour les séries technologiques), en lecture analytique, sur un desquels le candidat est interrogé pour l’exposé et environ une dizaine, en lecture cursive (compléments), sur lesquels des questions peuvent être posées dans l’entretien en plus des textes principaux. Des études d’œuvres d’art, de représentations théâtrales et de divers médias figurent également en complément et peuvent faire l’objet de questions dans l’entretien. Trois œuvres intégrales et trois groupements de textes au moins figurent sur la liste de l’année. Avant de se présenter devant l’interrogateur et afin de ne pas le faire attendre, préparer la convocation à l’examen, une pièce officielle d’identité et la liste de textes
  • Une tenue correcte, un comportement courtois et ouvert sont de rigueur pendant l’épreuve. Eviter toute agitation et commentaires dans les couloirs avant et après l’épreuve
  • Les textes et les œuvres intégrales du programme doivent être apportés par le candidat en double exemplaire : un pour le candidat, un pour l’interrogateur
  • Attention ! Les épreuves orales peuvent durer jusque vers le 10 juillet, ne pas prévoir un départ trop précoce en vacances !
  •  
     

Consignes pour l'oral du bac de français (E.A.F.)

Oraux du baccalauréat de français


Instructions aux futurs candidats


  • Attendez qu’on vous invite à entrer (ne pas frapper à la porte), ayez « la bonne attitude » et saluez poliment votre interrogateur !
  • Préparez de quoi écrire (à sortir de la trousse à l’avance)
  • Préparez votre convocation, une pièce d’identité et votre liste de textes
  • Une fiche avec une question sur un des textes de votre liste vous sera remise dès votre entrée : vous prendrez connaissance de la question (c’est le moment de demander une précision si vous n’êtes pas sûr d’avoir compris le sens de la problématique inscrite) et signerez à sa suite. Restez neutre face au texte choisi : pas de joie ni de déception marquée. N’essayez surtout pas de faire changer le choix de l’interrogateur ! Après le temps de préparation, vous remettrez cette fiche à votre interrogateur, au début de l’épreuve.

Méthode du commentaire d'image

Le commentaire d’image fixe :
 la méthode d’observation

Robert Doisneau à 33 ans en 1945

Savoir observer

I) La dénotation de l’image : aspects techniques

1) Le motif et la nature de l’image

- De quel type d’image s’agit-il ? (Un tableau, un dessin, une BD, une photo …)
- Quel format et dimension ? (rectangle, carré, tondo …)
- Quel titre ? Auteur ? Epoque ? Courant artistique ?
- Quel sujet ? Figuratif ? Abstrait ?
- Pour la peinture : Portrait ? Nature morte ? Paysage ? Scène de genre, historique, mythologique, religieuse ? Scène d’intérieur, d’extérieur ?

2) Cadrage et composition (voir une fiche technique détaillée ICI )

a) Angle de prise de vue
- Plongée (vue de haut) : effet d’écrasement du motif
- Contre-plongée (vue du bas) : effet de grandissement, d’élévation
- Angle normal (à hauteur des yeux du spectateur) : objectivité

mardi 7 octobre 2014

La tentation d’Eve de Bernard Morot-Gaudry



Qui ne connaît pas la Cathédrale Saint-Lazare à Autun ? Le roman de M. Morot-Gaudry nous fait revivre avec délice la création des sculptures du tympan de la cathédrale d'Autun à l'aube du XIIe siècle. C'est l'époque des chanoines commanditaires qui pressent leurs ouvriers et maîtres maçons, tailleurs de pierres pour que l’œuvre soit achevée à temps. Juin 1131, le sculpteur Gislebertus commence à tailler dans la pierre la représentation d'Eve. A qui ressemblera-t-elle ? Deux visages de femmes occupent son esprit : celui de la Comtesse Ombeline, une jeune noble mariée au Seigneur des Grelodots, Bérenger, qui rentre de croisade. Mais celui de Mélisende, jeune coloriste qui a remplacé son père sur le chantier  à la mort de ce dernier, l'obsède aussi. Quels traits vont jaillir sous le ciseau du sculpteur et donner vie à la pierre pour l'éternité ? De qui s'inspirera Gislebertus pour sculpter Adam ?  Il ne faut pas commettre de maladresses, ne pas mécontenter les religieux, ne point heurter leur sensibilité. 

L'Ultime Secret du Christ de José Rodrigues dos Santos



L'auteur de  La Formule de Dieu  signe ici un nouveau roman policier s'appuyant sur une trame historique et scientifique. Le titre accrocheur va intriguer le lecteur et les démonstrations d'analyses de textes bibliques vont pour le moins bouleverser nos certitudes et remettre en cause bien des données de la foi chrétienne. Nos certitudes religieuses ressortent de cette lecture fortement ébranlées, si ce n'est remises en question



samedi 13 septembre 2014

Dans le jardin de la bête (2012) de Erik Larson



Juin 1933 à Berlin, au Consulat américain un homme est recueilli dans un état de santé alarmant, écorché vif sur une majeure partie de son corps. Du cou aux talons, il n'est plus qu'une masse de chair sanguinolente à vif. Messersmith, un agent consulaire va lui délivrer un nouveau passeport américain et il pourra s'enfuir aux Etats-Unis avec sa femme. Ces marques de violence étaient l'œuvre des SA (sections d'assaut)  qui commençaient à semer la terreur dans les villes et à Berlin notamment.



            En juin 1933, Théodore Roosevelt, Président des Etats-Unis, demande à William Dodd, directeur du département d'histoire à l'université de Chicago, s'il accepte d'être le nouvel Ambassadeur américain à Berlin. William Dodd n'est pas un diplomate mais un historien, germanophone et germanophile. Il a fait une partie de ses études à Leipzig. Il accepte le poste et part accompagné de sa femme  et leurs deux enfants :  sa fille a 24 ans et William-Junior surnommé Bill a 28 ans. W. Dodd est un homme modeste et entend le rester. Il écrit une œuvre de longue haleine qui l'occupera jusqu'à la fin de sa vie : « Le vieux Sud. »

            Lorsque William Dodd arrive à Berlin, Adolphe Hitler est chancelier. Le pays vit sous une vague de violence des SA qui se déchaînent sur les communistes, les Américains, les juifs, les socialistes en les rouant de coups, les tuant, en toute impunité.  W. Dodd ne peut croire à une telle réalité et pourtant il lui faut bien l'admettre car il la vit au quotidien et la constate de visu. Les dires de son prédécesseur n'étaient  que triste réalité. Il assiste impuissant aux événements qui se passent dans sa ville, proteste avec véhémence autant qu'il le peut pour protéger les citoyens américain juifs des mesures de rétorsion : privation du droit d'exercer leur travail, atteinte à leurs droits civiques. Certains sont victimes d'agressions physiques. W. Dodd ne composera jamais avec le régime nazi, refusera toujours d'apparaître dans les grandes réceptions du Parti national-socialiste. Mais il assistera impuissant à la montée de la violence destructrice de ce parti et de la fureur d'Hitler quand les SA voudront se dresser face à lui pour son accession au pouvoir, le 30 juin 1934. C'est « la Nuit de Cristal », Hitler fait arrêter Röhm à l'hôtel Hanselbauer.

            A plusieurs reprises W.Dodd tente d'alerter les E. Unis sur la nature du régime de Hitler et l'orientation de son pouvoir mais on ne le prend pas au sérieux. Pour aggraver les choses, sa fille Martha s'affiche avec R. Diels, le chef de la Gestapo. Elle collectionne les amants parmi le corps diplomatique. Elle s'éprend d'un espion russe Boris Vinogradov et s'affiche ouvertement avec lui les derniers mois où elle reste à Berlin. Elle ira même jusqu'à faire un voyage de plusieurs semaines en Russie alors que Boris est retenu à Moscou par ses employeurs. W. Dodd est rappelé fin décembre 1937, il quitta son poste la mort dans l'âme, navré de n'avoir pas réussi à alerter suffisamment les autorités américaines sur ce qui se tramait en Allemagne. Le destin de l'histoire était en marche et un homme de bonne foi ne pouvait seul s'opposer à la folie meurtrière de celui qui se présentait comme le sauveur de la nation allemande.




            Ce livre n'est pas un roman mais se lit comme un véritable thriller tant l'angoisse est palpable au fur et à mesure de la montée de la violence des dirigeants. On a peine à croire que la population allemande se soit laissé aller à cette violence sans rien dire, sans protester. Nombreux furent-ils à avoir fait les frais de la montée du nazisme, les communistes, les socialistes, les juifs, les intellectuels humanistes, les populations minoritaires indésirables. Mais dans ce monde feutré des ambassades, rares étaient les diplomates qui osaient dire ouvertement ce qu'ils pensaient de la situation. Leur immunité consulaire leur permettait cependant certains privilèges. A son retour aux Etats-Unis, en janvier 1938, William Dodd déclara : « L'humanité se trouve en grand danger mais on dirait que les gouvernements démocrates ne savent pas comment agir. S'ils ne font rien, la civilisation occidentale, les libertés religieuses, privées et économiques seront en grand danger. » (P. 512)
L'histoire allait malheureusement lui donner raison quelques années plus tard.

(écrit le 7/02/2014)           Josseline G.G.

mercredi 3 septembre 2014

Le secret du treizième apôtre de Michel Benoît (2006)





              Dans le train express Rome-Paris, un moine, le père Andréï est assassiné, défenestré mais sa hiérarchie et les hautes autorités ecclésiastiques vont s'employer à faire classer l'affaire en suicide. Qui était le père Andréï, quelles affaires traitait-il avec le Saint-Siège qui avait exigé sa présence au Vatican ? Ce chercheur était sur le point de découvrir un secret s'orientant autour de la nature du Christ. Jésus était-il simplement un homme comme les autres ou était-il ce ressuscité qui allait donner à la religion chrétienne cette aura de mystère dont ont besoin les croyants ? Tout repose sur le témoignage d'un aimé de Jésus, le 13ème apôtre qui aurait consigné le récit de sa mort et son enterrement dans un désert par les Esséniens.Jésus ne serait ressuscité d'entre les morts et toute la théorie de la religion s'effondrerait entraînant ainsi le chaos dans la foi et l'écroulement du pouvoir spirituel. Il est donc indispensable d'empêcher que de pareilles assertions se propagent.

            Andréï éliminé, le père Nil qui appartient à la même abbaye des Pays de Loire, l'Abbaye Saint-Martin, reprend l'enquête de son ami.Tous deux avaient échangé sur le sujet et les conséquences d'une telle révélation pour l'unité de l'église catholique. C'est à lui qu'incombe d'identifier le corps du père Andréï et il découvre dans la paume d'une main de son ami, un petit papier plié avec quelques indications qui semblaient lui être destinées. A partir de ces éléments, il va poursuivre son enquête personnelle.

            Très vite il est suspecté par le supérieur de son couvent : à deux reprises sa cellule est fouillée, le mot explicatif est dérobé, les notes de recherches de Nil sont éparpillées, déclassées, volées. Puis il est convoqué à Rome au Vatican pour travailler en collaboration avec un musicien, le Cardinal Leeland, officiellement pour l'aider dans ses recherches musicales, concernant des chants grégoriens. Autour de ces deux hommes va s'organiser une véritable traque faite d'écoutes, de filatures. Il s'agit de savoir où en sont les découvertes de Nil, ce qu'il a l'intention d'en faire. Ses révélations vont aussi bien à l'encontre du monde chrétien que du monde musulman, pour des raisons peu éloignées l'une de l'autre. Les voilà devenus des cibles à abattre.

            Parallèlement à cette intrigue qui se déroule au 20ème siècle, nous retournons en Judée à l'époque de la crucifixion puis dans les années qui suivirent et nous assistons à la lutte entre les apôtres pour prendre le pouvoir de l'Eglise et former des groupes de fidèles. Lente plongée historique dans le combat pour la prise de pouvoir spirituel en se réclamant du Nazaréen ou Nazôréen.



            Certes, il s'agit d'un roman policier, d'une fiction mais construite autour d'éléments de recherches ayant existé. Quant à la vérité historique, celle qui évoque les coulisses du Vatican, je citerai simplement l'auteur : (P.410) « Quant à ce qui est dit des coulisses du Vatican, ma fréquentation de la Cité sainte me permet de dire que je suis en-dessous de la réalité. »
(p.368) « Toute chose ne peut être connue que de l'intérieur. La science n'est que l'écorce, il faut la franchir pour trouver le cœur, l'aubier de la connaissance. C'est vrai des minéraux, des plantes, des êtres vivants et c'est vrai aussi des Evangiles. Les anciens appelaient cette connaissance intérieure une gnose... La réelle présence de Jésus est si forte qu'elle te relie à tous mais te sépare aussi de tous. » (édition Albin Michel)

            Roman captivant parce qu'il nous entraîne à la recherche de certains manuscrits de la Mer Morte, nous renvoie à des connaissances plus ou moins assimilées, nous remet en question. Roman qui nous ébranle quand nous pénétrons dans les arcanes du pouvoir de Rome, du Vatican, dans ce qui se trame pour conserver intacte  l'image de Jésus-Christ ressuscité. Leeland et Nil échapperont-ils à leurs poursuivants alors qu'ils sont eux-mêmes hébergés par le Vatican, surveillés, espionnés jour et nuit ou presque ? Ce secret menace-t-il à ce point la chrétienté et son pouvoir temporel pour qu'il justifie une telle effusion de sang ?
 Quels sont donc les véritables enjeux ?

                        (écrit le 15/03/2013)  Josseline G.G.

La nonne et le brigand de Frédérique Deghelt (2011)


          Une écriture qui conquiert d'emblée, fine, ciselée, ouvragée, sensuelle, d'une grande délicatesse pour évoquer l'éveil des sentiments amoureux, l'émoi d'un corps qui se donne autant qu'il étreint. Magie des mots, du verbe, de l'évocation des images qu'elle fait surgir dans la musicalité des phrases. Un vrai bonheur, une véritable ivresse à partager. L'histoire est belle, surprenante.

            Cette jeune femme Lysange, petite quarantaine, mariée, mère de deux grands enfants ayant pris leur envol, vit sa vie de façon très libre.. Un mari de quinze ans son aîné, plus un ami qu'un amant. Coincée à Londres dans un aéroport, Lysange doit passer une nuit à l'hôtel, le vol ayant été annulé pour des raisons techniques. Un homme subissant le même contretemps croise sa trajectoire. Le hasard leur distribue des chambres contiguës. Toute la nuit Lysange est hantée par le désir de cet homme qu'elle ne connaît pas. Au petit-déjeuner, à l'hôtel, il s'impose à elle, s'empare de son sac de voyage pour le transporter dans le car pour l'aéroport, la précède et lui annonce qu'ils sont en voyage de noces. Et là, surprise, elle est invitée dans le poste de pilotage à assister au décollage avec son « mari ». Lysange Kenny est déjà conquise par cet homme. Qui est-il, ce prédateur aux yeux de loup ? Un reporter-photographe de guerre qui part couvrir les territoires où éclatent les conflits armés.

            Parallèlement à cette rencontre, l'auteur nous entraîne dans une histoire qui semble n'avoir aucun lien avec la précédente. Lysange a reçu une lettre d'un certain Tomas Uhlrich, possesseur d'une cabane en bois dans le sud-ouest, dans les dunes surplombant la mer. Cet homme désirait regagner le Brésil où il avait passé une grande partie de sa vie et pourrait confier sa maison à Lysange. Pourquoi elle ? Son père et sa mère s'étaient rencontrés au Brésil. Anne, sa mère avait perdu son mari, de quinze ans son aîné puis elle avait perdu Vincent, le frère aîné de Lysange dans un accident de voiture. Un an après la mort de Vincent, sa mère Anne, mourait d'un arrêt cardiaque. Lysange était seule au monde. Elle prend contact avec Tomas, le rencontre en gare de Bordeaux et il la conduit dans sa petite maison de bois dans les dunes. Chaleureux, accueillant mais réservé, il laisse traîner un carnet rouge en évidence sur une étagère « Journal de sœur Madeleine ». Ce sera la lecture de lysange qui va entrer dans l'intimité d'une jeune nonne de 17 ans , envoyée en Amazonie pour rejoindre une mission et convoyer des caisses de médicaments. Journal intime où l'on suit pas à pas  la lutte de la jeune fille pour ne pas céder à la tentation d'être séduite par son guide-protecteur, un certain Angel.


            Que fait ce cahier ici ? Pourquoi Tomas le laisse-t-il à la potée de Lysange ? Quel rapport existe-t-il entre cet homme Tomas et le Brésil ? Pourquoi a-t-il choisi Lysange pour lui confier sa maison ?  Autant de questions qui trouveront des réponses dans le dénouement de ce roman à l'intrigue savamment nouée, jamais ennuyeuse. Un véritable régal que cette prose.

            (p.29)"Là où le cœur psalmodie une prière, je te supplie des yeux d'attendre encore un peu. Ces vagues ne finissent jamais de passer par-dessus le bastingage. (…) Je suis en terre de volupté, je ne rêve plus, je suis au-delà. Je n'ouvre pas les yeux. Je te quitte avant le chemin des fulgurances. " Actes Sud.

Josseline G.

mardi 2 septembre 2014

Des fleurs pour Algernon (1966) de Daniel Keyes



           


        Charlie Gordon est un adolescent attardé mental qui a trouvé un petit travail dans une boulangerie, affecté aux tâches les plus ingrates. Mais il a une vie sociale même s'il est l'objet des moqueries et plaisanteries de certains. Dans un centre d'expérimentation médicale, deux docteurs, le professeur Nemur et le docteur Strauss viennent d'expérimenter sur une souris blanche Algernon. Après opération sur son cerveau, elle est capable de réaliser des parcours dans un labyrinthe sans se tromper, en un temps record. Forts de ce succès, ils décident de tenter l'expérience de l'opération sur un cerveau humain, celui d'un simple d'esprit, Charlie Gordon. Sa famille accepte, l'ayant déjà relégué à l'asile Warren pour qu'il ne nuise pas au bon développement de sa sœur Norma.

            L'opération est un succès et Charlie s'éveille à l'intelligence en un temps qui défie les lois communes. Il rattrape son retard en lecture, orthographe, devient doué, surdoué, passe brillamment les tests, les examens. Il écrit des articles dans de nombreux domaines : mathématique, physique … Toutes les disciplines lui sont accessibles, il parle couramment sept langues. Mais un jour les facultés d'Algernon, la petite souris, sa compagne, déclinent. Charlie dans son intelligence a pressenti les premiers symptômes des défaillances de l'implantation sur la souris et il a fait le rapprochement avec sa propre vie, sa propre intelligence. Il sait que ses jours sont comptés, que son potentiel intellectuel va décroître aussi vite qu'il a grimpé. Va-t-il conserver le bénéfice de l'apprentissage de la lecture, de ses découvertes ?

            Que va devenir son amour naissant partagé pour Alice Kinnian, sa psychologue ? Il a découvert le monde des relations humaines, l'orgueil, la cupidité de certains, l'empathie et l'amour des autres, la pitié et le rejet. Mais il sait qu'il va régresser à l'image de sa petite souris-cobaye. Alors une course contre la montre s'engage pour vivre intensément, accomplir ses engagements avant que ses facultés ne s'éteignent à tout jamais. Y parviendra-t-il ? Charlie analyse lui-même le processus de dégradation progressive qui va se produire sur son psychisme et ses facultés intellectuelles qui vont être soufflées comme une bougie. Sa lucidité nous laisse désarmés à partager sa détresse, celle de voir s'enfuir l'accès à la connaissance, à l'intelligence, l'ouverture au monde. Le voilà condamné à rejoindre le monde des non-êtres.
(p.433) «  Le stimulus chirurgical auquel nous avons été tous deux soumis a entraîné une intensification et une accélération de tous les processus mentaux. Son évolution inattendue que j'ai pris la liberté de nommer l'effet Algernon-Gordon, est l'extension logique de toute l'accélération de l'intelligence (…)  L'intelligence artificiellement augmentée se dégrade selon un taux directement proportionnel à la valeur de l'augmentation. »


            Livre poignant que cette fiction qui permet à un simple d'esprit d'accéder à la connaissance, à un degré très avancé de culture et de savoir en diverses disciplines. Pourtant ce savoir, cette science ne seront qu'éphémères car obtenus par opération chirurgicale et manipulation scientifique. Il n'en faudra pas plus pour éveiller à la conscience du trésor qu'est l'intelligence  et le savoir pour un être humain. Et ce sera précisément la perte de ces facultés miraculeusement acquises qui rendra plus poignante la régression de Charlie jusqu'au stade initial.

            Pourquoi lui avoir donné l'illusion de la connaissance pour qu'il retombe dans le néant d'où il venait ? Cela les chercheurs ne l'avaient pas anticipé. L'expérience sur la souris Algernon aurait dû susciter plus de prudence et de recul. Livre riche d'enseignement sur ces êtres qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit. Du fond de leur connaissance enténébrée, surgissent des moments de lucidité, de clairvoyance. Et même s'ils n'ont pas les mots pour le dire, les maux dont ils souffrent sont bien réels, coupés des autres, exclus, différents, rejetés mais si semblables à nous, dans notre solitude d'être humain abandonné à notre sort. Peut-être ce livre vous permettra-t-il de considérer les handicapés mentaux comme Charlie avec un peu plus d'humanité. Alors tout  ne sera pas perdu.


                                                                                  (écrit le 21/10/2013)  Josseline G.G.