METHODE DU COMMENTAIRE LITTERAIRE
TRAVAIL PRÉALABLE : QUE FAIRE DEVANT UN TEXTE ?
1) Lire trois fois le texte afin
d’en avoir une vue globale et de se familiariser avec lui. La première
étape du commentaire est la compréhension littérale du texte.
2) En reprenant le texte de façon linéaire, écrire au brouillon toutes les remarques qui viennent à l’esprit.
3) Se poser les questions suivantes :
- Quel sujet ? Quel aspect du sujet ?
- Quel est le genre ? (poésie, théâtre, roman, essai) Quel sous-genre ? (sonnet, comédie, tragédie…)
- Quel contexte ? (siècle, auteur, contexte historique, mouvement culturel…)
- Quelle forme de discours ? (discours argumentatif, descriptif, narratif, explicatif…)
- Quel
registre ? (tous les registres se terminent par « ique » : comique,
tragique, fantastique, polémique, pathétique, épique, lyrique).
- Quel
plan du texte ? (on peut généralement « découper » un texte en deux,
trois ou quatre parties, par exemple : le début du texte est un
dialogue, le reste est un récit. Ou les quatre premières lignes mettent
en scène tel personnage, les huit suivantes évoquent le passé de ce
personnage et les trente dernières parlent d’un autre personnage). Ce
découpage permet de voir les grands mouvements du texte et sa
progression.
- Pour le récit :
où en sommes-nous dans l’histoire ? Quels temps ? Quels lieux ? Combien
de personnages ? Quelle relation entretiennent-ils ? Y a-t-il un
jugement du narrateur sur les personnages ? Le récit est-il à la
première ou à la troisième personne ? A quelle étape du schéma narratif
en sommes-nous ? Quelle focalisation ? Quel niveau de langue ? Quel
rythme ? Quels sont les thèmes principaux ?
Pour une description, repérer sa fonction : informative, esthétique et poétique, symbolique, dramatique, évaluative, etc.
- Pour le théâtre :
où en sommes-nous dans la pièce ? Qui sont les personnages ? Quels sont
leurs rapports ? Est-ce un monologue ou un dialogue ? Qui parle le
plus ? Peut-on en déduire quelque chose sur les relations de pouvoir
entre les personnages ? Quel est le rôle des didascalies ?
La
particularité d’un commentaire composé sur un extrait de théâtre est
qu’il faut absolument prendre en compte la dimension spectaculaire de
l’œuvre (que voit et qu’entend le spectateur ? Jeux de voix, jeux de
scène, position des personnages dans l’espace, rôle des objets, de la
lumière…). La pièce de théâtre n’est pas seulement un texte : il faut
imaginer la mise en scène !
- Pour la poésie :
est-ce un poème en vers ou en prose ? Quel type de rimes ou de
strophes ? Quels thèmes principaux ? Ya-t-il un refrain ? Y a-t-il des
jeux sur les sonorités (allitération, assonance) ? Quelles sont les
figures de style et quel effet créent-elles ?
- Pour l’argumentation : Quelle est la thèse défendue ? Avec quels types d’arguments ? Quel est le mode de raisonnement ? Quel registre ?
4) Faire émerger une problématique. Une problématique doit répondre aux trois questions suivantes : quoi ? pourquoi ? comment ?
- Quoi :
son thème principal (les sentiments, la société, les vices …) et
l’angle ou aspect choisi par l’auteur pour le traiter (la passion
amoureuse ou l’amour déçu, le pouvoir ou l’anarchie, la jalousie ou la
bonté …)
- Pourquoi :
quelles sont les intentions de l’auteur ? Quel est son but ? Quel effet
veut-il créer sur le lecteur ? (dénoncer, faire réfléchir, émouvoir,
créer le trouble, s’amuser avec le lecteur…)
- Comment :
la forme du texte (un récit réaliste, une lettre, un monologue de
théâtre, une description…).Quel est le moyen mis en œuvre pour arriver
au but ? Cela peut être le recours à un registre particulier, le jeu
avec les codes littéraires, l’ironie…
Exemple de problématique (pour un extrait de la lettre CXLI des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos)
: On verra comment une lettre (comment) de rupture amoureuse (quoi)
peut devenir un véritable instrument de manipulation et de destruction
(pourquoi).
C'est la marquise de Merteuil qui a fait ce modèle de lettre pour que Valmont l'envoie à Madame de Tourvel qu'il a séduite par jeu cynique, en complicité avec la marquise : c'est très pervers !
Du Château de... ce 24 novembre 17**
C'est la marquise de Merteuil qui a fait ce modèle de lettre pour que Valmont l'envoie à Madame de Tourvel qu'il a séduite par jeu cynique, en complicité avec la marquise : c'est très pervers !
"On s'ennuie de tout, mon Ange, c'est une Loi de la Nature ; ce n'est pas
ma faute.
"Si donc je m'ennuie aujourd'hui d'une aventure qui m'a occupé
entièrement depuis quatre mortels mois, ce n'est pas ma faute.
"Si, par exemple, j'ai eu juste autant d'amour que toi de vertu, et c'est
sûrement beaucoup dire, il n'est pas étonnant que l'un ait fini en même
temps que l'autre. Ce n'est pas ma faute.
"Il suit de là que depuis quelque temps je t'ai trompée : mais aussi, ton
impitoyable tendresse m'y forçait en quelque sorte ! Ce n'est pas ma faute.
"Aujourd'hui, une femme que j'aime éperdument exige que je te sacrifie.
Ce n'est pas ma faute.
"Je sens bien que voilà une belle occasion de crier au parjure : mais si la
Nature n'a accordé aux hommes que la constance, tandis qu'elle donnait
aux femmes l'obstination, ce n'est pas ma faute.
"Crois-moi, choisis un autre Amant, comme j'ai fait une autre Maîtresse.
Ce conseil est bon, très bon ; si tu le trouves mauvais, ce n'est pas ma
faute.
"Adieu, mon Ange, je t'ai prise avec plaisir, je te quitte sans regret : je te
reviendrai peut-être. Ainsi va le monde. Ce n'est pas ma faute."
5) Regrouper
les idées en deux ou trois grandes parties de sorte que les titres de
parties soient une réponse à la problématique. Attention, dans un plan
de commentaire, il faut toujours aller du plus évident au moins évident,
de ce qui saute aux yeux à ce qui est plus subtil.
A partir de ces grands titres, classer toutes les réflexions et analyses en sous-parties cohérentes.
Exemple de plan pour la problématique ci-dessus :
I) Une manipulation brillante
A) Par le brouillage des identités
B) Par un exercice d’esprit cynique
II) Un instrument de destruction
A) Par une démonstration par l’absurde ou la logique de la mauvaise foi
B) Par le jeu cruel et libertin sur les sentiments
COMMENCER LA REDACTION selon la progression suivante : plan, développement, conclusion.
L’introduction : Elle peut faire environ 15 lignes en un seul paragraphe :
- L’entrée
en matière : il s’agit d’amener le sujet en faisant quelques phrases
sur l’auteur, ou sur l’œuvre dont il est question, ou sur le contexte ou
sur le thème abordé…Il faut impérativement que cette entrée en matière
ait un rapport direct avec l’extrait qui nous intéresse (pas de
récitation de biographie inutile !). Vous pouvez également partir d’une
citation (d’un critique ou d’un auteur) pour introduire le texte…
- La présentation du texte : titre, auteur, genre, forme de discours, thèmes.
- Une brève présentation de l’extrait (situation dans l’oeuvre, personnages, action …)
- La
problématique (la problématique peut être une question mais pas
forcément, vous pouvez l’annoncer en commençant par « nous verrons
comment / nous verrons en quoi »)
- L’annonce du plan (seulement les grandes parties).
- Un saut de 1 ligne pour bien marquer la fin de l’introduction.
Le développement :
- Vous
sautez une ligne entre chaque grande partie. Vous revenez simplement à
la ligne pour chaque sous-partie. Chaque paragraphe commence par un
alinéa (retrait de deux carreaux par rapport à la marge).
- Chaque grande partie est composée de 2 ou 3 sous-parties.
- Une sous-partie peut comporter plusieurs paragraphes
- Un
paragraphe correspond à une idée : pas de paragraphe « fourre-tout »,
pas non plus de paragraphe qui reprend exactement la même idée que le
précédent ; il faut qu’il y ait une cohérence interne pour chaque
sous-partie et une progression logique (c’est une démonstration) entre
chaque sous-partie et entre chaque partie. D’où l’importance au
brouillon de faire un plan détaillé avec des titres et des sous-titres
précis. Un paragraphe comprend au minimum cinq lignes et au maximum 15.
- Il
est nécessaire de bien introduire les citations du texte en les
englobant dans une phrase et en mettant des guillemets. Il faut
commenter, c’est-à-dire expliquer, et non paraphraser (ce qui serait
répéter autrement et plus mal) les citations qui sont des preuves par le
texte. De même, il ne s’agit pas de faire un catalogue des procédés
d’écriture ou de seulement mettre des étiquettes (il y a une métaphore
ou un zeugma) mais d’expliquer en quoi la forme éclaire le fond.
- A
la fin de chaque grande partie, faire une conclusion partielle (en une
phrase) sur ce qui vient d’être montré et faire une phrase de transition
qui amène la partie suivante. Cela permet au lecteur de bien vous
suivre.
- Pour
être clair, vous devez poser une thèse (une interprétation du texte),
apporter des arguments (explications, raisonnements) à partir de
preuves : étude des procédés d’écriture significatifs sélectionnés et
citations courtes et judicieuses du texte, bien introduites dans une de
vos phrases, et commentées.
La conclusion se compose de plusieurs éléments :
- un résumé bilan de votre démonstration
- une
réponse précise à la problématique (reprenez pour cela les termes que
vous avez utilisés dans l’introduction pour la problématique).
- Il
est possible d’ « ouvrir » la réflexion en faisant par exemple un
parallèle entre ce texte et un autre que vous connaissez (soit tiré de
la même œuvre soit d’une autre œuvre ayant un rapport avec celle-ci).
- La conclusion fait environ 15 lignes. Comme l’introduction, c’est une partie mais aussi un seul paragraphe !
Relisez
avec le plus grand soin votre copie en traquant les erreurs
d’orthographe. Vérifiez les accords des verbes avec leurs sujets, des
adjectifs avec les noms. Ne vous trompez pas dans la conjugaison. Ne
confondez pas les temps. Enfin, appliquez-vous dans votre écriture et
présentez une copie nette, sans rature, surcharge et gribouillage.
Ecrivez à l’encre bleue ou noire et soulignez les titres des œuvres à la
règle et à l’encre (pas en rouge, réservé au correcteur).
Bon courage !
Et consultez les commentaires sur ce blog pour voir la méthode en pratique.
Céline Roumégoux